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Revenus en hausse pour les producteurs de cacao ivoiriens

  • 28.10.25
  • Revenu vital

Une nouvelle étude révèle une amélioration notable des revenus des producteurs de cacao en Côte d’Ivoire.

Cacaoculteurs qui sèchent les fèves de cacao
Cacaoculteurs qui sèchent les fèves de cacao

Selon une étude sur les revenus des ménages, commandée par Fairtrade International menée par l'Impact Institute, un quart des producteurs de cacao de Côte d'Ivoire devraient désormais gagner un revenu supérieur au revenu vital, tandis qu’un autre 50 % dépassent le seuil de pauvreté et se rapprochent d’un revenu décent.

Une hausse des prix à la production, un impact positif sur les revenus

L’étude intitulée « Évaluation du revenu des producteurs de cacao : le revenu des ménages en Côte d’Ivoire et stratégies d’amélioration » révèle que 24% des producteurs et productrices devraient gagner au-dessus du revenu vital, en se basant sur le prix bord champ actuellement en vigueurcontre seulement 7%, il y a deux ans. De plus, la moitié des producteurs devraient atteindre un niveau proche du revenu vital.

Une progression liée à la hausse des prix du cacao

Cette étude démontre le rôle important que joue le prix dans les revenus des producteurs et productrices. Par exemple, entre avril 2024 et avril 2025, le prix du cacao a augmenté d’un tiers. Cette hausse a presque doublé la proportion de producteurs atteignant un revenu vital, passant de 13 % à 24 %.

Dans le prolongement des études menées en 2017 et 2020, les chercheurs ont interrogé plus de 700 ménages de producteurs issus de 31 organisations en 2024, en s’appuyant sur des données recueillies d’avril 2023 à mars 2024.

Une amélioration générale du niveau de vie depuis 2017

L'étude a également comparé 14 organisations de producteurs interrogées en 2017 et 2020, poursuivant ainsi l'engagement de Fairtrade à mesurer les revenus des producteurs et à rechercher des informations sur les facteurs qui contribuent le plus à la progression vers des revenus vitaux.

Les résultats montrent qu'entre 2020 et 2024, les producteurs de presque tous les niveaux de revenus ont vu leurs revenus augmenter. 51 % des producteurs vivent désormais au-dessus du seuil de pauvreté, contre 43 % en 2020. Le revenu médian annuel reste stable, mais la pauvreté extrême a fortement reculé, passant de 36 % en 2020 à 17 % en 2024, soit une baisse de 19 points. En 2017, 58 % vivaient encore dans l’extrême pauvreté ce qui reflète une amélioration de plus de 40 points des sept dernières années.

Le rôle de la prime de développement Fairtrade et des formations

Les producteurs affirment que la prime de développement Fairtrade a contribué à stabiliser les revenus en améliorant l’accès à l’éducation, au logement et aux soins de santé.

Les formations Fairtrade ont également permis d’améliorer les pratiques agricoles : entretien, taille, récolte, transformation et stockage. Ces avancées ont entraîné une hausse des rendements et des revenus.

« Les producteurs nous disent que la combinaison de prix bord champ plus élevés et de la prime Fairtrade fait une réelle différence,» explique Mariasole Petti, consultante chez Impact Institute. « Notre analyse corrobore ces affirmations, montrant que ces mesures augmentent les revenus des ménages et donnent aux producteurs plus de marge de manœuvre pour investir dans leurs exploitations et diversifier leurs revenus. Cette résilience est essentielle pour aider les communautés productrices de cacao à faire face aux défis du changement climatique, des parasites et des maladies. »

Des défis persistants : inflation, climat et main-d’œuvre

Malgré ces progrès, les producteurs de cacao ivoiriens ont ressenti les effets de l’inflation, du changement climatique et de la pénurie de main-d’œuvre. Ces facteurs ont limité les effets positifs de la hausse des prix.

Par exemple, entre 2020 et 2024, le rendement moyen est passé de 625 à 650 kg/ha. Cependant, la taille moyenne des exploitations agricoles et la superficie consacrée à la culture du cacao ont diminué dans le même temps, ce qui indique peut-être que les mesures agricoles sont plus précises grâce à la cartographie par géolocalisation et que l'amélioration des rendements doit être interprétée avec prudence.

En fait, l'étude a également révélé que les volumes de production de cacao par ménage ont diminué de 29 % entre 2020 et 2024 (passant de 2 743 kg à 1 952 kg) et que les coûts de production moyens ont augmenté de 16 %, passant de 179 € par hectare en 2020 à 207 € par hectare en 2024.

Cette étude, qui intervient alors que Fairtrade est en train de mettre en œuvre un plan en trois phases visant à renforcer son modèle de prix de référence pour le cacao, contribuera au processus d'examen multipartite et aux enseignements tirés pour le secteur.

Les métayers, un groupe vulnérable mis en lumière

Pour la première fois, l’étude a analysé le revenu des métayers, révélant qu’ils gagnent beaucoup moins que les propriétaires et que la majorité vit dans une pauvreté extrême. Le mouvement Fairtrade exige désormais que les coopératives identifient les métayers et garantissent des contrats écrits entre eux et les propriétaires.

Vers une amélioration durable du revenu des producteurs

« Cela confirme que la hausse des prix bord champ a effectivement un impact significatif pour les agriculteurs », a déclaré Jon Walker, conseiller principal de la filière cacao chez Fairtrade International. « Cependant, nous devons continuer à mesurer et à explorer la manière dont les producteurs améliorent leurs rendements face aux pressions du changement climatique, ainsi qu'à comprendre la dynamique de la taille des exploitations et des ménages qui, comme le montre cette étude, a une grande influence sur la différence entre gagner un revenu décent ou non. »