La hausse du prix du cacao : bénéfique pour les producteurs et productrices ?
Depuis début 2024, le cours du cacao a atteint des niveaux historiques.


Avec des pics à 12 000 dollars la tonne, bien au-delà des 2500/3000 dollars habituels, cette flambée pourrait laisser penser que les producteurs en tirent des bénéfices considérables. Pourtant, la réalité sur le terrain est bien différente. Malgré ces prix élevés, les cultivateurs de cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana continuent de faire face à de nombreuses difficultés.
Comment expliquer ce paradoxe ? Et en quoi le commerce équitable peut-il jouer un rôle clé dans ce contexte ?
Pourquoi le prix du cacao augmente-t-il ?
Cette flambée des prix est principalement due à une baisse drastique de l’offre. Les principales zones de production, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana, sont touchées par de multiples problèmes :
- Le changement climatique : la hausse des températures et des précipitations irrégulières perturbe les récoltes.
- Des conditions météorologiques extrêmes : l’épisode El Niño a aggravé la sécheresse dans certaines régions.
- Les maladies affectant les cacaoyers : le swollen shoot, un virus qui détruit les plantations, se propage rapidement.
- La concurrence pour la main-d'œuvre et les terres agricoles : d'autres activités économiques, comme l'exploitation minière illégale de l’or au Ghana, attirent les travailleurs et rendent la culture du cacao moins attractive.
- Le vieillissement des plantations : les faibles rendements poussent certains producteurs à se détourner du cacao.
- Un manque de ressources : les cultivateurs ont du mal à investir dans leurs parcelles.
En parallèle, la spéculation sur les marchés financiers a pu accentuer cette flambée des prix. La demande mondiale reste quant à elle soutenue, notamment en raison de la consommation croissante en Asie.
Un boom des prix...mais pas forcément bénéfique pour les producteurs
Les prix actuellement versés aux producteurs et productrices sont plus élevés et accueillis favorablement, mais cela ne suffit pas à résoudre tous les problèmes et les défis restent nombreux :
- Des récoltes et volumes en baisse : même si le prix à la tonne augmente, les producteurs et productrices récoltent moins de cacao et le revenu obtenu n’est pas suffisant pour couvrir leurs besoins de bases.
- Des coûts de production en forte hausse : le prix des engrais, de la main-d’œuvre et des charges administratives explose, notamment avec la mise en conformité aux nouvelles réglementations (règlement déforestation UE, règlement bio UE).
- Une volatilité dangereuse : si le prix du cacao chute brutalement, les producteurs risquent de ne pas en tirer de bénéfices durables ;
- Des difficultés financières pour les coopératives : avec des prix fluctuants, la gestion des stocks et des ventes devient plus complexe.
En somme, même si le prix du cacao atteint des sommets, le modèle économique actuel ne garantit pas un revenu stable et suffisant aux producteurs.
Le commerce équitable face à la volatilité
Le commerce équitable reste une alternative essentielle pour assurer une meilleure rémunération aux producteurs, même en période de prix élevés. Pourquoi ?
- Un prix minimum garanti : Fairtrade protège les producteurs et productrices contre l’effondrement éventuel des cours du marché. Il a été activé lors de 7 des 11 dernières campagnes de récoltes en Côte d’Ivoire.
- Une prime de développement Fairtrade : en plus du prix de vente, les coopératives reçoivent une prime pour financer des projets sociaux et environnementaux.
- Un soutien aux coopératives : Fairtrade accompagne les coopératives et les producteurs sur le terrain grâce à un appui technique local, c’est le cas par exemple du programme WACP de Fairtrade Africa. Les formations et ateliers dispensés portent par exemple sur l’adaptation au changement climatique, la gestion financière, la productivité.
- Des solutions durables : agroforesterie, financements, contrats à long terme avec les acheteurs… Le programme GAIM en est un bon exemple, il accompagne trois coopératives certifiées Fairtrade dans leur transition agroécologique et leur diversification des cultures afin d’augmenter la diversité des revenus.
La flambée des prix du cacao met en lumière un paradoxe : alors que les marchés financiers enregistrent des records, les producteurs et productrices continuent de lutter pour une juste rémunération.
Cette situation rappelle l’importance de systèmes plus équitables et durables. En tant que consommateurs, choisir des produits issus du commerce équitable est un moyen concret de soutenir ces producteurs et de contribuer à un système plus juste.
Car un prix élevé ne garantit pas une vie meilleure pour ceux qui cultivent notre cacao.
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