La filière cacao sous pression, un avenir à repenser

Le cacao fait vivre plus de 5 millions de producteurs et productrices dans le monde.  Pourtant, la majorité d’entre eux vit encore dans la précarité.

Entre prix fluctuants, perte de fertilité des sols, dégradation environnementale, une main d’œuvre viellissante, et effets du changement climatique, la filière est sous forte pression.

Au Ghana, deuxième pays producteur mondial, ces défis sont exacerbés par les inégalités sociales. Les femmes, qui représentent près de la moitié de la main-d’œuvre agricole, restent souvent exclues des processus décisionnels et perçoivent des revenus inférieurs à ceux des hommes. Quant aux jeunes, beaucoup se détournent de l’agriculture, faute d’accès à la terre, et de perspectives économiques et sociales.

Impliquer ces populations dans la gouvernance et la transformation agronomique est non seulement une question d’égalité, mais aussi de résilience.

Ces enjeux sont au cœur du mouvement Fairtrade et l’ONG Max Havelaar France les adresse à travers ses programmes.

GAIM : un projet structurant pour l’agroécologie et l’égalité

GAIM (Ghana Agroforestery for Impact), financé par l’Agence Française de Développement, est un projet qui vise ainsi à appuyer 3 coopératives certifiées Fairtrade de la région d’Ahafo au Ghana, dans leur transition agroécologique et leur diversification des cultures afin de favoriser la diversité des sources de revenus des producteurs et productrices de cacao et l’amélioration de leurs moyens de subsistances. 

Ces coopératives intègrent également des femmes et des jeunes dans les activités du projet comme moteurs et bénéficiaires d’une transition durable. Deux activités principales du projet peuvent être citées :

• 99 jeunes ont été sélectionnés pour faire partie de la main d’œuvre participant à la conversion des parcelles de cacao vieillissantes ou malades en agroforesterie dynamique ;
• 40 femmes et jeunes ont été sélectionnées pour participer à 2 écoles qui serviront à leur donner les moyens de participer aux processus décisionnels de leurs coopératives et de leurs communautés.

Le projet GAIM s'appuie sur deux curriculums largement reconnus au sein du mouvement Fairtrade : l’École du leadership des femmes (WSOL) et l’Académie des jeunes managers de coopératives (YCMA).

Ces deux approches, créées par le mouvement Fairtrade, sont déjà déployées par les réseaux de producteurs certifiés Fairtrade en Afrique, en Amérique latine et en Asie, garantissant ainsi leur pertinence et leur adaptabilité. Le fond des modules reste le même, mais leur contenu est adapté aux contextes locaux.

Renforcer l’autonomie et le leadership des femmes

L’Ecole du leadership des femmes vise à renforcer durablement les compétences des femmes et leur confiance en elles pour les rendre plus autonomes et capables de prendre en main leur vie et leur développement.

Les participants suivent 10 modules de formation couvrant un large éventail de compétences techniques et de développement personnel :

• droits humains,
• éducation financière, activités génératrices de revenu,
• confiance en soi et capacite de négociation,
• cohésion et coopération de groupe,
• etc.

Le projet GAIM apporte un soutien aux participants après l'obtention de leur diplôme à travers : 

• Un coaching des diplômés afin que ces derniers forment de nouveaux étudiants en tant qu'ambassadeurs ; 
• L’appui à la mise en place de comités de genre au sein des coopératives ; 
• La promotion de la participation des femmes aux conseils d'administration des coopératives ; 
• Le soutien à la création de business plans pour des activités génératrices de revenus (AGR) en faveur des femmes. 
• L’opportunité, pour les participants sélectionnés, de prendre la parole lors de conférences, tables rondes, salons, à l’échelle nationale ou internationale

Bien que les modules de cette école s'adressent aux femmes, la participation des hommes est encouragée afin de renforcer l’adhésion collective aux enjeux d’égalité et de faciliter l’intégration durable des femmes dans les instances de décision.

Les deux promotions du projet GAIM (2024 et 2025) ont été sélectionnés : au total, 27 participants (25 femmes, 17 jeunes) ont suivi ou suivront les modules de leadership de WSOL.

La quasi-totalité d’entre eux ont finalisé leurs modules de formation et peuvent participer à des activités génératrices de revenus comme : élevage d’escargots, de porcs, production de compost, culture de fruits et légumes, fabrication de produits artisanaux (savon…) etc.

Un impact qui s’exprime aussi dans les espaces institutionnels

Les effets du programme dépassent le cadre local : une diplômée de la WSOL, issue de la coopérative Kukuom, a été invitée en 2023 à témoigner devant la Commission européenne à Bruxelles sur les conséquences du changement climatique sur la culture du cacao.

Un signe fort de reconnaissance pour ces femmes et ces jeunes qui sont encouragés à devenir des ambassadrices et ambassadeurs du commerce équitable.

Préparer la relève

Le vieillissement de la population agricole est un défi mondial. Le mouvement Fairtrade reconnaît l'impératif d'assurer la relève générationnelle dans l'agriculture, notamment au Ghana.

Au Ghana, l’âge moyen d’un producteur de cacao est de 55 ans, alors que plus de la moitié de la population nationale a moins de 35 ans.

La Young Cooperative Manager Academy (YCMA) aborde cette question en ciblant les jeunes de moins de 35 ans. Son programme s’articule autour de sept modules :

• gouvernance coopérative,
• gestion de projet,
• leadership,
• suivi de la qualité,
• commercialisation,
• communication,
• innovation.

Un mentorat personnalisé est offert : des leaders expérimentés accompagnent les jeunes pour consolider leurs compétences et les préparer à des rôles de responsabilité.

Une approche de formation de formateurs, aussi bien pour les participants de WSOL et YCMA, est prévue, afin de permettre aux formatrices et jeunes formateurs de diffuser la formation qu'ils ont reçue à leurs pairs et aux autres membres de la coopérative.  

GAIM, un modèle de la filière cacao résilient et équitable

Le projet GAIM démontre que la transition agroécologique passe par l’autonomisation et la participation des femmes et des jeunes. En renforçant leurs compétences, en favorisant leur inclusion dans la gouvernance et en soutenant des activités économiques durables, Max Havelaar France contribue à créer un modèle de la filière cacao résilient, équitable et durable.

Chaque produit labellisé Fairtrade/Max Havelaar est le reflet de cet engagement : soutenir les producteurs, valoriser les femmes et préparer la relève. GAIM illustre concrètement comment le commerce équitable transforme les filières de l’intérieur, pour un impact durable et mesurable.

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