Sucre de canne, cacao, café... : la face cachée de nos aliments importés
L'étude "Consommation française de produits agricoles importés : quels impacts, quelles solutions ?"
Dans un contexte de mondialisation des filières agricoles et alimentaires, la France importe chaque année des millions de tonnes de produits agricoles qui jouent un rôle central dans notre consommation. Une étude inédite menée par le BASIC pour Greenpeace France, l'Institut Veblen et Max Havelaar France révèle l'impact massif des importations agricoles et questionne leur durabilité, afin de sensibiliser les décideurs, les entreprises et les consommateurs sur ces enjeux.
Des produits du quotidien aux impacts méconnus
Derrière des produits du quotidien comme le cacao, le café, le riz, la banane, l'huile de palme ou encore la vanille, se cachent des réalités préoccupantes pour les populations, les écosystèmes des pays producteurs et le climat.
L'étude se concentre sur treize filières clés agricoles : la banane, le thé, la tomate, la noix de cajou, le jus d'orange, l'avocat, le café, le riz, le sucre de canne, la vanille, l'huile de palme, le soja et le cacao.


Ces productions sont à l'origine d'une forte pression sur les écosystèmes, de nombreuses violations des droits humains et d'inégalités sociales persistantes :
- Travail des enfants et travail forcé, présents dans le cacao, le sucre et le café, restent une réalité massive et préoccupante. Ces violations des droits humains sont encore largement répandues dans les pays producteurs de matières premières destinées à l'exportation vers l'Europe. En cause : la pauvreté des producteurs, l'absence de législation ou de contrôle, la pression des acheteurs pour baisser les prix et la complexité des chaînes d'approvisionnement.
- Précarité, notamment dans la vanielle, huile de palme, sucre de canne, jus d'orange, riz, cacao : les producteurs et les travailleurs ne perçoivent même pas 60% d'une revenu vital. Ces filières, bien qu'elles génèrent des profits considérables pour les industriels et distributeurs, laissent leurs producteurs dans une pauvreté endémique.
- Violences sexistes sur plusieurs filières comme la tomate du Maroc ou les avocats du Pérou, où les travailleuses agricoles subissent des agressions sexuelles.
Des impacts écologiques étendus et durables
Les conséquences ne s'arrêtent pas là. L'étude démontre également que ces filières agricoles importées ont un impact écologique majeur, qui contribue à l'accélération des dérèglements climatiques et à la destruction des ressources naturelles.
Déforestation
La déforestation est l'un des impacts environnementaux les plus visibles et destructeurs liés aux importations agricoles françaises. Ces importations entraînent la destruction des forêts tropicales, nuisant à la biodiversité et au climat. Le changement d'usage des terres représente 24% des émissions mondiales de GES. Cette déforestation importée concerne en priorité les pays tropicaux où sont cultivées les matières premières comme le soja, le palmier à huile ou le cacao, destinées à la consommation humaine ou à l'alimentation animale (soja) en Europe.
Climat
Certaines cultures sont particulièrement émettrices de gaz à effet de serre (GES), en raison de leur mode de production (déforestation, usage d'intrants agricoles, procédés industriels de transformation) et de transport : le cacao, le soja et le café. Ces cultures sont majoritairement produites en Afrique de l'Ouest, en Amérique latine et en Asie.
Pollution de l'eau
La pollution de l'eau est liée à l'agriculture intensive est un enjeu majeur des filières agricoles d'importation. Elle résulte principalement de l'usage d'engrais et de pesticides, qui contaminent les nappes phréatiques, les rivières et les lacs. Le riz, le jus d'orange et le soja figurent parmi les plus gourmands en eau. Mais c'est la vanille qui présente l'impact le plus élevé rapporté à la tonne produite. Le cacao, le soja et le café se démarquent également par une pollution élevée des eaux, due à l'utilisation massive de pesticides.
Des solutions existent : régulations et commerce équitable
Face à l'ampleur des impacts humains et environnementaux révélés, Greenpeace, Max Havelaar France et l'Institut Veblen appellent les décideurs à agir sans attendre à :
- Appliquer rigoureusement les textes européens RDUE, CS3D et Règlement Travail Forcé, sans délais et sans les détricoter.
- Rejeter l'accord Mercosur, incompatible avec les objectifs européens en matière de justice sociale et climatique.
- Soutenir activement la certification écologique, sociale et équitable des importations françaises dans les denrées sensibles.