Irrigation par troncs de bananiers : une solution naturelle et locale pour faire face à la sécheresse
Une réponse locale et ingénieuse pour rendre les parcelles plus résilientes.


Face aux sécheresses de plus en plus longues au Ghana, les producteurs de cacao adoptent une méthode d’irrigation ingénieuse, inspirée des ressources locales : l’irrigation par troncs de bananiers. Testée dans le cadre du projet GAIM, cette technique simple et économique améliore la survie des jeunes plants en saison sèche, tout en s’inscrivant dans une approche plus large d’agroforesterie dynamique.
Sécheresse et agriculture : une réponse concrète à un enjeu climatique urgent.
Ces dernières années, les sécheresses sévères ont fait des ravages dans les plantations de cacao ghanéennes. Une sécheresse sévère peut ainsi être responsable de 60 à 70 % de la mortalité des jeunes plants dans une plantation de cacao conventionnelle. La majorité des producteurs citent la sécheresse comme le principal problème affectant leurs cultures. Dans ce contexte, retenir l’humidité au pied des plants est devenu une priorité.
C’est dans cette optique que le projet GAIM a formé ses agents terrain et de jeunes agriculteurs à une technique d’irrigation innovante mais accessible : l’irrigation avec des troncs de bananiers. Aussi connue sous le nom de « paillage des pseudo-troncs », cette technique utilise un matériau abondant, biodégradable et naturellement gorgé d’eau pour humidifier durablement le sol.
Le principe : des troncs comme réservoirs d'eau
Le bananier n’est pas un arbre au sens botanique du terme, mais une plante herbacée géante. Son tronc, ou plus précisément son pseudo-tronc, est composé à environ 30% d’humidité et agit comme une véritable éponge naturelle. Une fois coupé et placé autour des cacaoyers, il libère lentement l’eau qu’il contient pendant environ 40 jours, maintenant l’humidité dans le sol jusqu’au retour des pluies.
Cette capacité de rétention et de diffusion en fait un outil précieux d’irrigation passive, sans besoin d’équipement, d’énergie ou d’entretien.
Irrigation par troncs : mise en œuvre adaptée au terrain
La technique a été déployée sur 19.1 ha (91 parcelles) dans le cadre du projet GAIM.
Les troncs de bananiers sont récoltés directement dans les fermes des producteurs ou chez leurs voisins, puis coupés en quatre. Chaque segment est ensuite disposé face contre terre autour des jeunes plants de cacao, une fois la saison des pluies terminée, généralement entre décembre et janvier. En moyenne, un tronc permet d’irriguer dix cacaoyers. Ainsi, pour une parcelle de 0,25 hectare (soit environ 208 plants), une vingtaine de troncs est nécessaire. Il est essentiel que l’installation ait lieu hors période de pluie, car un tronc posé sur sol humide se décomposerait trop rapidement.
Cette méthode a été transmise lors d’une formation dédiée à 51 participants, dont 10 femmes et 37 jeunes, avec des démonstrations pratiques menées sur quatre parcelles dans la région d’Ahafo.
Irrigation et agroforesterie dynamique : des solutions complémentaires pour la résilience
Au-delà de son efficacité hydrique, cette méthode s’intègre pleinement dans le modèle d’agroforesterie dynamique porté par le projet GAIM. Ce modèle combine par hectare :
- 832 cacaoyers ;
- 832 plantains ;
- 192 arbres fruitiers ;
- 200 arbres de bois d’œuvre ;
- Et des arbres plantés pour la production de biomasse ou matière organique.
Le tout complété par des cultures vivrières : maïs, niébé, manioc, igname, plantées durant la saison des pluies (d’avril à juillet) pour maximiser leur survie. Ces cultures assurent à la fois la sécurité alimentaire des familles et des revenus complémentaires en dehors des périodes de récolte du cacao.
La technique d’irrigation par troncs de bananiers contribue aussi à cette dynamique, en favorisant la survie des jeunes plants, en réduisant le stress hydrique et en améliorant la matière organique du sol lorsqu’ils se décomposent.
Agir localement : innover avec les ressources naturelles pour faire face au changement climatique
L’irrigation par troncs de bananiers illustre parfaitement la philosophie du projet GAIM : utiliser les ressources locales pour renforcer la résilience des producteurs face au changement climatique. Simple, peu coûteuse, reproductible et écologique, cette technique permet d’atténuer les effets de la sécheresse tout en réduisant la charge de travail et les pertes.
Alors que les conditions climatiques deviennent plus extrêmes, former les agriculteurs à ces pratiques et renforcer leurs capacités est essentiel. Grâce à l’agroforesterie dynamique et à des solutions comme celle-ci, c’est une agriculture plus autonome, plus durable et plus juste qui se construit, jour après jour, sur les terres cacaoyères du Ghana.