Avez-vous été bien sage cette année, saint Nicolas ?
Une chronique de Philippe Weiler, CEO de Fairtrade Belgium.
Cher Saint-Nicolas,
Cette année, j'aimerais commencer par vous. Non par impolitesse, mais parce que personne ne vous le demande jamais : avez-vous été bien sage, Saint-Nicolas ? Chaque année, vous faites pleuvoir des millions de figurines en chocolat dans nos cheminées et, en même temps, vous faites apparaître un large sourire sur nos visages. Mais c'est justement là que réside le point essentiel : la magie n'est complète que si les agriculteurs et agricultrices derrière notre chocolat en tirent eux aussi un vrai bénéfice.
De mon côté, j'ai déjà déposé mon petit soulier. Beaucoup d'attente, avec une carotte (un peu flétrie, je l'avoue) et un dessin dont j'espère que vous pourrez saisir le sens. Car oui, j'ai été sage cette année, saint Nicolas. Avec Fairtrade, j'ai interpellé des entreprises, réveillé des responsables politiques et convaincu des gens que le chocolat a encore meilleur goût lorsque tous les maillons de la chaîne en profitent. En tant que saint homme, cela ne peut que vous mettre en joie, non ?
Vous savez probablement vous-même que tout cela semble logique, mais n'a rien d'évident. Lors de votre tournée annuelle d'inspection dans les pays tropicaux producteurs de cacao, vous devez croiser bien des réalités : des forêts sous pression, des producteurs et productrices qui travaillent dur mais gagnent trop peu, et des enfants qui ne vont pas à l'école parce qu'ils doivent aider sur la plantation. Ce n'est pas un sermon, saint Nicolas, mais tout simplement la réalité à laquelle de nombreux cacaoculteurs sont encore confrontés.
"Autrefois, on en avait encore"
- Philippe Weilier, CEO Fairtrade Belgium
Heureusement, nous n'avons pas besoin de magie pour faire avancer cette réalité dans la bonne direction. Chez Fairtrade, nous travaillons chaque jour à garantir des revenus plus justes aux producteurs et productrices, afin qu'ils et elles puissent investir dans leurs plantations, leur famille et leur avenir. Et cela fait une différence énorme. Non seulement pour eux et elles, mais aussi pour tous celles et tous ceux qui espèrent que le chocolat ne finira pas un jour relégué dans les livres d'histoire sous le chapitre "autrefois, on en avait encore".
Pourtant, je remarque encore cette année, dans les magasins, que beaucoup de vos figurines en semblent parfois étrangement creuses malgré le joli chocolat brillant. Et je ne parle pas de leur forme, mais bien de l'idée que du chocolat équitable devrait aller de soi. Car honnêtement, si nous choisissions un chocolat aussi rempli de justice que de saveur, ne serions-nous pas tous plus heureux ?
Mon petit cœur bat déjà de joie. Bientôt vous marcherez de nouveau sur nos toits, les bras chargés de douceurs. J'ai hâte de découvrir ce qui tombera cette année dans la cheminée. Car une chose m'intrigue tout particulièrement : avez-vous choisi cette année un chocolat qui rende heureux non seulement celles et ceux qui le dégustent, mais aussi celles et ceux qui en sont à l'origine ?
Je vous le demande donc une dernière fois, gentiment, sincèrement et avec curiosité : avez-vous été bien sage cette année, saint Nicolas ?