La première partie de l'analyse a porté sur la situation des revenus entre avril 2023 et avril 2025. Au cours de cette période, les prix des matières premières fixés par l'État pour le cacao en Côte d'Ivoire ont plus que doublé. Les résultats indiquent que la proportion d'agriculteurs Fairtrade disposant d'un revenu suffisant pour subvenir à leurs besoins a plus que triplé, passant de 7 à 24 %. Dans le même temps, la proportion de personnes vivant dans l'extrême pauvreté a diminué, passant de 26 à 7 %. Au total, environ un quart des producteurs devraient à l'avenir percevoir un revenu supérieur au revenu minimum vital, tandis que la moitié s'en approche de très près.

Une deuxième partie de l'étude compare la situation actuelle avec les enquêtes précédentes réalisées en 2017 et 2020. Là encore, une tendance claire se dessine : les revenus ont augmenté dans presque toutes les classes de revenus. En 2024, 51 % des ménages interrogés ont atteint un revenu proche ou supérieur au seuil de subsistance, contre 43 % en 2020. La baisse de l'extrême pauvreté est particulièrement frappante : de 58 % en 2017 à 36 % en 2020, elle n'est plus que de 17 % en 2024.

Les mesures Fairtrade stabilisent les revenus

Les agriculteurs interrogés rapportent que les mesures Fairtrade, notamment le prix minimum Fairtrade, la prime Fairtrade et les formations, contribuent de manière importante à la stabilité des revenus et à l'amélioration de la gestion des ressources. La prime versée en plus du prix de vente, dont l'utilisation est déterminée démocratiquement par les agriculteurs, a également stabilisé les revenus et amélioré l'accès à l'éducation, à la santé et au logement. Les formations Fairtrade aident également les agriculteurs dans les domaines de la culture, de la récolte et de la transformation, ce qui se traduit par de meilleurs rendements et des revenus plus stables.

Toutefois, l'étude montre également que des facteurs externes tels que l'inflation, le changement climatique et la pénurie de main-d'œuvre freinent ces évolutions positives. Si les rendements moyens par hectare ont légèrement augmenté, les volumes de production par ménage ont globalement diminué de près d'un tiers entre 2020 et 2024. Cela s'explique par la diminution du nombre de cacaoyers, elle-même due aux perturbations climatiques et aux maladies des plantes. Dans le même temps, les coûts par hectare ont augmenté de 16 % au cours de la même période. Les résultats montrent que les revenus sont toujours déterminés par l'interaction de plusieurs facteurs : rendement, prix, coûts, taille de l'exploitation et structure du ménage.

Les métayers particulièrement menacés

Pour la première fois, les métayers ont été inclus dans l'étude. Ils gagnent des revenus nettement inférieurs à ceux des propriétaires fonciers et vivent pour la plupart dans une extrême pauvreté. Afin d'améliorer leur situation, Fairtrade exige désormais que les coopératives enregistrent les métayers et garantissent les contrats entre eux et les propriétaires fonciers.

«Les prix plus élevés et la prime Fairtrade font une nette différence pour les agriculteurs. Notre analyse montre que ces mesures stabilisent les revenus des familles d'agriculteurs Fairtrade en Côte d'Ivoire et permettent davantage d'investissements», explique Mariasole Petti de l'Impact Institute. Jon Walker, conseiller principal pour le cacao chez Fairtrade International, souligne : «Il reste essentiel de continuer à évaluer comment les agriculteurs peuvent améliorer leurs revenus, même dans un environnement difficile. L'étude montre l'influence considérable des prix, mais souligne également que des facteurs tels que les risques climatiques ou la taille des exploitations ne doivent pas être ignorés.»

Les résultats seront pris en compte dans le développement du modèle international de prix de référence Fairtrade pour le cacao et contribueront ainsi de manière importante à l'amélioration des conditions de vie dans les régions de culture. L'étude complète est disponible ici.