Les Standards Fairtrade prévoient une répartition plus juste des responsabilités liées à la lutte contre la déforestation entre tou·te·s les acteur·rice·s de la chaîne d’approvisionnement. Notre partenariat avec Satelligence aide les producteur·rice·s à collecter, comprendre et maîtriser leurs propres données, qu’ils et elles peuvent ensuite partager avec leurs partenaires commerciaux. Cela leur permet de réaliser des évaluations de risques continues et d’agir en conséquence.

Les données et les informations sont essentielles pour identifier les risques de déforestation et permettre la traçabilité des produits jusqu’à leur origine. Cet aspect devient de plus en plus important dans les chaînes d’approvisionnement Fairtrade, non seulement pour la protection des forêts mais aussi pour d’autres exigences de diligence raisonnable. Fairtrade accompagne les producteur·rice·s en leur fournissant des conseils pratiques sur les données et formats requis par le Règlement européen sur la déforestation (EUDR).

Les Standards Fairtrade pour le cacao et le café incluent la cartographie géolocalisée, le suivi de la déforestation, les évaluations et plans d’atténuation des risques, ainsi qu’un soutien aux producteur·rice·s pour mettre en œuvre ces mesures. Des audits réalisés par notre organisme de certification indépendant, FLOCERT, assurent une couche supplémentaire de vérification.

Les prix Fairtrade garantissent de meilleurs revenus, et la Prime Fairtrade permet aux organisations de producteur·rice·s d’investir dans la protection des forêts : adoption de nouvelles variétés de cultures, production d’engrais organiques, amélioration des rendements et des conditions de vie. Les programmes Fairtrade soutiennent également des approches comme l’adaptation au changement climatique et l’agroforesterie, des leviers clés pour la protection des forêts. Pour en savoir plus, consultez une étude récente sur la manière dont Fairtrade contribue à la protection des forêts et à la prévention de la déforestation.

Les agriculteur·rice·s connaissent les bienfaits des forêts, mais manquent souvent des ressources nécessaires pour concilier conservation et subsistance, dans un contexte de bas prix, de changement climatique et de multiples défis. Fairtrade plaide pour un soutien accru et des moyens renforcés afin que les producteur·rice·s ne portent pas seul·e·s la charge de la protection des forêts ou de la conformité réglementaire.

Les entreprises prouvent leur conformité à l’EUDR en réalisant d’abord une diligence raisonnable sur l’origine de leurs produits, en documentant cette démarche dans une déclaration de diligence raisonnable, qu’elles soumettent ensuite à l’Union européenne. Elles doivent ensuite effectuer une évaluation des risques selon les critères définis dans l’EUDR, sur la base des informations disponibles concernant leurs fournisseurs. Enfin, les entreprises doivent prendre des mesures pour atténuer les risques identifiés.

L’approvisionnement Fairtrade peut être considéré comme un facteur contribuant à l’évaluation et à l’atténuation des risques. Cependant, aucun système volontaire de durabilité ni aucune certification ne suffit, à elle seule, à prouver la conformité à l’EUDR.

L’approvisionnement en produits Fairtrade peut aider les entreprises à remplir les quatre principales obligations de diligence prévues par l’EUDR :

1. Collecte des données de géolocalisation
   Les interventions Fairtrade améliorent la disponibilité et la qualité des données de géolocalisation pour les organisations de producteur·rice·s certifiées Fairtrade.
2. Collecte des données de suivi de la déforestation
   Les producteur·rice·s Fairtrade de café et de cacao reçoivent gratuitement des informations essentielles sur les risques de déforestation via la plateforme de surveillance satellitaire Satelligence, grâce à notre partenariat. Les organisations peuvent vérifier les alertes de risque pour en évaluer la validité et partager leurs rapports avec leurs partenaires commerciaux.
3. Réalisation d’évaluations des risques
   En plus des données de suivi de la déforestation disponibles auprès des organisations de producteur·rice·s, les entreprises ont un accès direct à la Fairtrade Risk Map, qui les aide à réaliser leurs propres évaluations.
4. Mise en œuvre des mesures d’atténuation des risques
   L’approvisionnement en produits Fairtrade contribue à atténuer les risques en s’attaquant à leurs causes profondes : prix plus équitables, projets de soutien aux producteur·rice·s, et exigences d’atténuation intégrées aux Standards Fairtrade.

Les réseaux régionaux de producteur·rice·s Fairtrade accompagnent les producteur·rice·s pour leur expliquer les exigences à respecter, et Fairtrade a développé des ressources pas à pas.

Voici comment fonctionne le processus : les organisations de producteur·rice·s collectent les données de géolocalisation de leurs membres et les soumettent à Fairtrade International via une plateforme de reporting existante appelée FairInsight. Fairtrade International effectue des vérifications de validation et renvoie les données à l’organisation si des corrections sont nécessaires. Une fois corrigées et renvoyées, les données sont téléchargées sur la plateforme de Satelligence, qui génère un rapport d’alerte sur la déforestation.

La propriété des données par les producteur·rice·s eux·elles-mêmes est un principe fondamental de l’approche Fairtrade. Les données corrigées et le rapport sont renvoyés à l’organisation de producteur·rice·s via FairInsight. Les organisations peuvent choisir de partager ces informations avec leurs partenaires commerciaux ou autoriser Fairtrade International à le faire, en signant un formulaire de consentement.

Dans cette phase de transition, la priorité de Fairtrade est de soutenir les organisations de producteur·rice·s afin qu’elles disposent des informations nécessaires pour répondre à leurs partenaires commerciaux : données de géolocalisation et résultats de suivi de la déforestation.

La propriété des données par les producteur·rice·s reste au cœur de notre approche. Les données corrigées et les rapports sont renvoyés via FairInsight ; les organisations décident ensuite si elles souhaitent les partager avec leurs partenaires. Elles peuvent également donner leur consentement écrit à Fairtrade International pour transmettre leurs rapports d’alerte à un·e partenaire commercial·e.

Les commerçant·e·s et acheteur·euse·s sont responsables d’obtenir les informations nécessaires auprès des organisations de producteur·rice·s dont ils achètent les produits, et de les transmettre à leur tour à leurs propres client·e·s. En général, notre expérience montre que les organisations de producteur·rice·s recherchent des relations commerciales à long terme et sont disposées à collaborer pour répondre aux exigences.

Si vous êtes un·e commerçant·e souhaitant connaître les données de géolocalisation de vos fournisseurs, nous vous encourageons à les contacter directement pour savoir où ils en sont dans le processus et quel soutien pourrait être utile.

Pas pour le moment. Nous recherchons la meilleure approche possible, qui respecte les droits des producteur·rice·s sur leurs données, tienne compte du fait que beaucoup sont encore en train de finaliser la collecte de leurs données, et évite qu’ils·elles soient désavantagé·e·s par la publication d’informations partielles. Nous voulons également garantir que les entreprises disposent des informations nécessaires pour leur propre diligence raisonnable.

À ce jour, Fairtrade International ne prévoit pas de partager les données de géolocalisation reçues des commerçant·e·s avec d’autres acteur·rice·s de la chaîne d’approvisionnement.

Satelligence a accès aux données des client·e·s qui utilisent ses services, mais les données des fermes cartographiées restent la propriété du client et ne peuvent donc pas être partagées par Satelligence avec d’autres.

Conformément aux exigences du Standard Fairtrade pour le commerce du cacao, les commerçant·e·s doivent transmettre ces données à Fairtrade. Pour l’instant, Fairtrade n’analyse pas en profondeur ces données afin de les partager avec Satelligence, car la priorité reste la renforcement des capacités des organisations de producteur·rice·s. Ces données serviront cependant à recouper les informations fournies par les producteur·rice·s, afin de réduire les erreurs.

La collecte et la validation de données de géolocalisation de qualité sont des tâches lourdes et exigeantes. Nous avons mobilisé d’importantes ressources sous la coordination de nos réseaux de producteur·rice·s en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Afrique et dans la région Asie-Pacifique – plus de 700 000 € à ce jour. Des partenaires financiers, tels que la GIZ (Agence allemande de coopération internationale), ont également contribué.

Les estimations de nos réseaux indiquent qu’une organisation de producteur·rice·s a besoin de 5 000 à 15 000 € pour financer la collecte des données de géolocalisation, selon la région et la taille du groupe.

Une fois les données valides soumises à Fairtrade, il faut environ quatre semaines pour que les organisations reçoivent leur rapport de risque de Satelligence. Ce délai sera réduit grâce aux prochaines améliorations de la plateforme Satelligence.

Nous suivons les progrès à chaque étape. Pour toute question sur la situation d’une organisation en particulier, veuillez contacter votre organisation nationale Fairtrade.

Les directives des Standards Fairtrade précisent que les commerçant·e·s peuvent soutenir les organisations de producteur·rice·s directement ou par l’intermédiaire d’un partenariat. Cela peut inclure : financement, partage de données, formation, mise en relation ou plaidoyer.
(Consultez les sections correspondantes : exigence 3.4.4 du Standard Cacao Fairtrade, 3.1.5 du Standard Café Fairtrade, et 3.3.2/3.3.3 du Standard Commerce Fairtrade.)

Nous supposons toutefois que les petites et moyennes entreprises, qui disposent de moins de moyens pour agir seules, souhaiteront contribuer à un programme Fairtrade.

C’est pourquoi le programme en développement « Protéger les forêts avec équité » offre aux entreprises la possibilité d’investir dans le soutien aux producteur·rice·s, et d’utiliser cet investissement comme preuve de conformité aux exigences des Standards Fairtrade.

Les produits exempts de déforestation et ceux qui ne le sont pas ne peuvent pas être mélangés dans le cadre de l’EUDR. Un mélange n’est autorisé que si tous les produits concernés sont conformes à l’EUDR.

Les entreprises doivent disposer des informations nécessaires (données de géolocalisation, etc.) pour toutes les exploitations dont proviennent les lots achetés. Si, par exemple, une partie du cacao d’un lot est jugée non conforme et ne peut être séparée du cacao conforme, l’ensemble du lot sera considéré comme non conforme.

Il appartient à chaque partenaire commercial·e de choisir le modèle de traçabilité qu’il·elle souhaite appliquer : achat de produits contenant du cacao, cacao physiquement séparé, ou mass balance avec uniquement du cacao conforme à l’EUDR.
La certification Fairtrade, à elle seule, ne modifie pas le processus ni le coût de production convenus entre les entreprises et leurs fournisseurs.

Les modèles de traçabilité (ou de chaîne de contrôle) utilisés par Fairtrade incluent :

• Traçabilité à identité préservée : un produit peut être suivi tout au long de la chaîne jusqu’à l’organisation de producteur·rice·s ou l’agriculteur·rice individuel·le. Ce modèle, bien qu’encore optionnel, est déjà possible pour la majorité du café Fairtrade.
• Traçabilité ségréguée : les produits de deux types sont conservés séparément tout au long de la chaîne (ex. : produits Fairtrade et non Fairtrade, ou conformes et non conformes à l’EUDR). La ségrégation physique est obligatoire pour le café Fairtrade et possible pour le cacao Fairtrade.
• Mass balance : pour certains produits (cacao, sucre de canne, jus de fruits, thé), les produits Fairtrade et non Fairtrade peuvent être mélangés pendant la transformation. Les volumes Fairtrade sont suivis et audités avec rigueur, et les entreprises ne peuvent apposer le label que sur la quantité équivalente achetée selon les conditions Fairtrade.
• Le Standard Cacao Fairtrade exige que les organisations puissent retracer le cacao jusqu’à la ferme d’origine (« traçabilité du premier kilomètre », exigence 2.1.4), et que le cacao Fairtrade soit physiquement séparé du non Fairtrade jusqu’à l’exportation (exigence 2.1.5), applicable à partir du 1er janvier 2025. Autrement dit, à partir de 2025, les commerçant·e·s ne pourront plus utiliser le mass balance avant le point d’exportation.

Les organisations ont reçu un courriel de Fairtrade International détaillant le processus.
Via l’outil FairInsight, elles ont accès à un dossier Nextcloud où elles peuvent soumettre leurs données, recevoir un retour en cas d’ajustement nécessaire, puis télécharger les guides et modèles de suivi de la déforestation. Elles peuvent également contacter leur réseau régional Fairtrade pour obtenir un accompagnement personnalisé.

Fairtrade International facilite le transfert de données entre les producteur·rice·s et Satelligence afin de générer les analyses de déforestation.

Selon les Standards Fairtrade, les organisations certifiées de cacao et de café doivent soumettre leurs données de géolocalisation à Fairtrade. Elles sont responsables de la collecte de leurs propres données.

Le suivi est également exigé dans les Standards Fairtrade du cacao et du café ; il fait partie des évaluations des risques que les organisations doivent réaliser. Fairtrade partagera les analyses de Satelligence avec les organisations, qu’elles pourront intégrer à leurs évaluations. Elles peuvent également recourir à d’autres services de suivi si elles le souhaitent.

Les auditeur·rice·s de FLOCERT ne se référeront qu’aux analyses fournies par Satelligence pour vérifier la conformité en matière de déforestation et de suivi des risques. Les rapports provenant d’autres sources peuvent toutefois être utilisés comme éléments justificatifs en cas de contestation d’alertes erronées. FLOCERT privilégie les rapports Satelligence afin de garantir la standardisation du processus d’assurance.

Lorsqu’un risque de déforestation est signalé par Satelligence, l’organisation de producteur·rice·s reçoit un rapport d’alerte de risque. Elle peut alors vérifier sur le terrain (procédure dite ground truth) pour confirmer si l’alerte est valide ou non. Certaines alertes peuvent être dues à des erreurs de géolocalisation. L’organisation prend ensuite les mesures nécessaires pour résoudre l’alerte.