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Faire le lien entre politique et pratique : Promouvoir des revenus et salaires décents dans les chaînes d'approvisionnement agricoles

  • 20.05.25
  • Salaire vital

Le 20 mai dernier, Bruxelles a accueilli l’événement Bridging Policy and Practice : Advancing Living Incomes & Living Wages in Agricultural Supply Chains, organisé par Fairrtade Belgium en collaboration avec le Comité économique et social européen (CESE), le Fair Trade Advocacy Office (FTAO) et Fairtrade International.

Plus de 160 acteurs clés – producteurs, décideurs politiques, entreprises et représentants de la société civile – se sont réunis pour accélérer la mise en œuvre de revenus et salaires vitaux dans les filières agricoles. Structuré autour de discours inspirants, de tables rondes et de feuilles de route concrètes, l’événement a permis d’échanger sur les leviers d’action prioritaires.

Le déroulement de la journée

La journée s’est ouverte par les allocutions de bienvenue de Philippe Weiler (Fairtrade), Virginia Enssle (FTAO) et Yeo Moussa, représentant la coopérative ivoirienne de cacao Yeyasso, certifiée Fairtrade. Ce dernier a rappelé avec force : « Les producteurs sont des innovateurs, pas des victimes. Les politiques échouent sans notre voix. »

Guillaume Delautre, chef de projet à l’Organisation internationale du travail (OIT), a ensuite pris la parole pour souligner le rôle central des salaires vitaux et revenus vitaux dans la lutte contre la pauvreté laborieuse et les inégalités. Il a insisté sur l’importance du dialogue social et des cadres politiques adaptés, tout en mettant en avant les travaux de l’OIT pour guider les gouvernements et les acteurs économiques.

Matthias Altmann a ensuite présenté la Public Policy Roadmap on Living Incomes and Living wages, détaillant trois rôles clés des autorités publiques : régulateurs, acteurs économiques et partenaires. Cette introduction a servi de prélude à la première table ronde, animée par Heidi Hautala, ancienne eurodéputée et membre du conseil du FTAO.

Les discussions ont réuni Leonard Mizzi (Commission Européenne, DG INTPA, UE), Charlotte Bernhard (Ministère néerlandais des Affaires Etrangères), Pamela Rocha (Ambassade d’Équateur) et Michael Ekow Amoah (Ghana Cocoa Board). Les intervenants ont souligné la nécessité d’une régulation cohérente, combinant mesures volontaires et obligations contraignantes. Leonard Mizzi a notamment déclaré : « L’intégration commerciale de l’Afrique est cruciale. Nous devons passer de l’aide aux investissements dans des filières résilientes. » Charlotte Bernhard a, quant à elle, rappelé que « le revenu vital est un tremplin vers les droits humains. Le "smart mix" néerlandais allie législation, subventions et dialogue avec les parties prenantes. »

La deuxième table ronde, modérée par Honoré Johnson (IDH), a mis en lumière des initiatives concrètes de coopération multi-acteurs. Philipp Wagnitz de Lidl International, Benjamin Ayogdaa Akane de la cooperative de cacao ‘Kukuom AGL Cocoa Cooperative Farmers & Marketing Union’Charles Snoeck de IDH et Miguel Zamora de ICO ont partagé des exemples inspirants, tels que l’initiative belge Beyond Chocolate, qui rassemble plus de 70 partenaires pour combler l’écart de revenu vital d’ici 2030, ou encore le projet WayToGo! de Lidl, en partenariat avec Fairtrade. Philipp Wagnitz a résumé l’enjeu : « Passer à l’échelle exige un leadership gouvernemental. Nous avons besoin de cadres qui récompensent l’équité. »

La clôture de l’événement a été marquée par l’intervention percutante de Jean-Luc Crucke, ministre belge de la Mobilité et de la Transition climatique : « Un producteur de cacao gagne 1 € par jour, tandis qu’une barre chocolatée est vendue 3,50 €. Ce n’est pas de l’économie, c’est une injustice. Le commerce équitable est un droit humain, pas un luxe. Nous devons créer de la richesse sans exploitation. »

Parmi les thèmes transversaux abordés, l’égalité de genre a occupé une place centrale. Verena Aichele (DM) a rappelé que « les femmes produisent 60 % de la nourriture mondiale mais gagnent 20 % de moins que les hommes. Une diligence raisonnable inclusive est indispensable. » Francesca Monteverdi (Oxfam) a, quant à elle, insisté sur la nécessité de protéger les agricultrices via des directives européennes contre les pratiques commerciales déloyales.

Enfin, la résilience climatique a été évoquée par Solomon Boateng (Kuapa Kokoo, Ghana), qui a souligné que « l’agroforesterie permet d’atténuer les chocs climatiques, mais les producteurs ont besoin de primes pour opérer cette transition. »

Conclusion : Un appel à l’action

Tout au long de la journée, un message a résonné avec force : les revenus et salaires vitaux sont des droits humains fondamentaux, non des privilèges. Pour les concrétiser, des engagements politiques fermes et des cadres réglementaires adaptés sont indispensables. Les producteurs.trices doivent être placé(e)s au cœur des solutions, car sans leur participation active, les politiques resteront lettre morte. Le moment d’agir est venu – transformons les discours en actions collectives.

Pour aller plus loin, découvrez notre aftermovie et notre rapport complet.

Aftermovie - Bridging Policy and Practice: Advancing Living Incomes & Wages in Agricultural Supply Chains